Tel que recommandé en juillet 2010 par le Groupe de travail sur le sel, et entériné par les ministères de la santé en septembre 2010, le Canada se dirige vers des mesures de réductions volontaires échelonnées sur une période de 10 ans. Les lecteurs de ce blogue se rappelleront que j’avais commenté ces mesures dans les médias.
Le but visé est de réduire d’ici 2016 la consommation moyenne de sel de la population canadienne de 3,400 mg à 2,300 mg, soit la valeur maximale tolérable. L’atteinte de ces cibles seront facilitée à l’aide d’un suivi des progrès, la modification du Guide alimentaire canadien pour tenir compte de la stratégie de réduction en sel, et éventuellement, (mais on y crois pas trop) une nouvelle règlementation visant l’étiquette de valeur nutritive sur les emballages.
Mais cela se fera sans l’aide du Groupe de travail sur le sodium qui a été démantelé lundi le 7 février 2011. Inquiétude en la demeure pour le suivi du processus…
Les cibles recommandées sont des réductions maximales réclamées de l’ordre de 20 à 30% et ce, pour certaines classes d’aliments, telles que le pain, les céréales, le fromage transformé ou les soupes en conserves. On sait par ailleurs que les diminutions de teneur en sel acceptables au goût par les consommateurs se situent entre 20 et 30%. Les différences seraient cependant plus perceptibles pour les aliments vedettes auxquels le consommateur s’identifie.
Remplacer le sel n’est pour le moment pas une mince tâche, car contrairement aux gras trans ou le sucre, les succédanés ne sont pas satisfaisant ou coûtent beaucoup plus chers. Les industriels et certains spécialistes prétextent, hormis le goût, aussi le changement de texture et la conservation des aliments qui seraient altérés. L’enjeu est énorme car modifier la formule gagnante d’aliments qui se vendent bien n’est pas sans risque … économique!
Pour ce qui est des enjeux pour la santé, ce n’est pas une réelle préoccupation de l’industrie et la population est quelque peu sensibilisé mais continue de choisir les aliments en fonction de leur goût que le sel apporte; et Santé Canada est tiraillé par les pressions de l’industrie. On aura donc des recommandations qui auront possiblement un impact seulement dans plusieurs années, d’autant plus que les cibles devront être atteintes non pas dans 3 ans mais bien dans 10 ans!!
En espérant que les consommateurs suivent le mouvement et fassent quelque concessions… au nom de la santé. Le processus est maintenant entamé.
Dans le dossier de l’élimination des gras trans, bien que les mesures de diminution volontaire, progressive, mesurée et surveillée sur une période de 3 ans ont donné de bons résultats, le constat est qu’il faut maintenant une règlementation pour discipliner les industriels qui ne se conforment pas aux cibles dans 30% des cas surveillés.
C’est maintenant la responsabilité des politiciens d’appuyer un projet de loi pour interdire les gras trans. Pensez-vous déposer et appuyer un projet de loi pour cet hiver? Visiblement non…
Nous nous destinons vers la même approche de la part de Santé Canada en ce qui concerne la teneur en sel dans les aliments. Mesures volontaires, progressives, mesurées et surveillées.
Les enjeux économiques et les conséquences sur la santé sont comparables. Le défi est important mais réalisable. Restons optimiste. Les échéances pour le sel est de 6 ans alors que pour les gras trans, il avait été de trois ans.
Nous savons toutefois que seule une loi arrivera à discipliner l’ensemble de l’industrie. Devrons-nous attendre un autre 10 ans de la part des politiciens pour mettre de la pression politique sur l’industrie pour permettre à la population de parvenir à atteindre la cible de consommation de 2300 mg de sodium par jour alors qu’elle en consomme actuellement 3400 mg? Le défi est de taille et les efforts consentis par l’industrie, la population et les politiciens sont considérables.
Pour y parvenir il faudra un message politique fort, en prenant exemple sur la volonté politique de Michele Obama. Pourrons-nous compter sur l’appui de votre député? Parlez-en lui!
Paul Boisvert, PhD, docteur en kinésiologie
Coach Minceur en perte de poids santé
Expert-analyste sur l’obésité, la saine alimentation et l’activité physique
http://coachpoidssante.ca