En 2004, l’école secondaire De Rochebelle était reconnue pour offrir de la malbouffe à la cafétéria et dans les machines distributrices. À la suite d’un texte d’opinion publié dans les quotidiens où je dénonçais cette situation, le directeur de l’école, Guy Dumais, m’a demandé de l’aider à améliorer la situation. J’ai alors proposé un virage santé, avec l’appui de mes collègues de la Chaire de recherche sur l’obésité et du Centre de recherche de l’IUCPQ (Hôpital Laval). 1
Après avoir réalisé un portrait de la situation, nous avons suggéré la mise sur pied d’un comité consultatif appelé Comité Action Santé dans l’école, chargé de concevoir et d’adopter une politique alimentaire et de modifier progressivement l’environnement alimentaire de l’école. Le contenu des machines distributrices a été revu, des changements ont été apportés au menu, au fonctionnement et à la décoration de la cafétéria. Tout cela soutenu par des activités d’éducation et de promotion. Certains des outils d’éducation développés dans le cadre de ce projet sont accessibles sur le site internet.
Nos interventions à Rochebelle ont d’ailleurs servi de modèle à la politique cadre du gouvernement du Québec, Pour un virage santé à l’école, adoptée en 2007 par plus de 3000 écoles au Québec. Je traite d’ailleurs, dans une entrevue vidéo, du problème de l’obésité qui touche les jeunes, dresse un portrait de l’état de la situation au Québec et propose des pistes de solution.
Plusieurs petits gestes ont ainsi été tentés au fil des années pour inciter les jeunes à mieux s’alimenter à la cafétéria. Certains s’approchent de l’économie behaviorale. 2 On pense ici aux promotions sur des produits vedettes (clémentines, smoothies, pain aux canneberges), au panier de fruits près de la caisse; une sandwicherie santé –pour concurrencer les Subways de ce monde– et un comptoir à salades, très populaire, y ont été ajoutés. 3
Il y a moyen d’augmenter considérablement les ventes d’aliments santé dans les cafétérias scolaires en changeant simplement l’emplacement des bons et des mauvais choix alimentaires et en empruntant aux techniques de marketing utilisées dans les supermarchés pour rendre les bons choix plus attrayants. La disposition des aliments a notamment été repensée, et de nouvelles salades plus alléchantes ont été ajoutées.
En 2008-2009, nous avons commencé à mesurer les effets de nos interventions. À l’aide de la Chaire sur les comportements et la santé de l’Université Laval, nous avons tout d’abord évalué le taux de «désertion» des élèves vers les restaurants du secteur à l’aide de sondages. Il est ressorti de cette étude qu’entre 25 et 40% des élèves s’aventurent hors de l’école au moins une fois tous les 10 jours à l’heure du lunch. Les réponses fournies par les élèves ont mis en lumière certains obstacles relatifs au milieu physique de l’école ainsi qu’au sentiment de compétence personnelle dans la préparation des lunchs.
L’enquête du projet «Dîner à l’école» nous incite à cibler des interventions éducatives pour promouvoir le comportement de rester à l’école pour dîner. C’est ainsi que la comité s’est affairé à améliorer l’aménagement extérieur et intérieur des endroits pour manger (ajout de tables et de chaises à la cafétéria, augmentation du nombre de micro-ondes, réduction du temps d’attente pour être servi à la cafétéria). Un autre aspect important était de promouvoir la multitude d’activités intéressantes offertes à l’école à l’heure du midi.
Les résultats, publiés dans le journal Au Fil des Événements 4 ont été probants: outre l’amélioration significative de la qualité des lunchs, la proportion des élèves qui dînent à l’école tous les jours a augmenté de presque 5% et les désertions vers les restos au moins une fois aux 10 jours ont diminué de près de 7%.
Boîte à lunch santé
Après plusieurs années de sensibilisation et d’information auprès des élèves, mais aussi de leurs parents, les boîtes à lunch se sont beaucoup améliorées à l’école De Rochebelle. Dans une étude dont les résultats ont été dévoilés dans un article publié dans le journal Au fil des événements en septembre 2011 5, près des deux tiers (64%) des 367 boîtes dont nous avons analysé le contenu en 2011 passaient le test de la qualité, comparativement à un peu plus de la moitié les deux années précédentes. Cela prouve que l’éducation, ça fonctionne.
Dans une entrevue que j’ai accordée à la revue Contact, et publiée dans l’édition qui vient de paraître 6, je dévoile plusieurs trucs pour préparer des boîtes à lunch et des collations santé pour les enfants et aussi pour les adultes.
Astuces pour faciliter la préparation des boîtes à lunch santé
- Planifier les dîners de la semaine avant d’aller faire l’épicerie.
- Préparer les aliments qui seront utilisés dans les boîtes à lunch pour pouvoir les utiliser rapidement (laver et couper les crudités, etc.).
- Préparer en plus grande quantité les repas du souper afin d’utiliser les surplus dans les boîtes à lunch de la semaine.
- Cuisiner certains plats à l’avance et congeler des portions individuelles.
- Consacrer une section du garde-manger, du réfrigérateur et du congélateur aux aliments et aux plats destinés à la boîte à lunch afin de diminuer le temps nécessaire à sa préparation.
- Encourager le jeune à collaborer à la préparation des aliments, des plats et de la boîte à lunch
En espérant que ces trucs pratiques vous soient utiles. Bonne lecture!
Référence(s)
Paul Boisvert, PhD, docteur en kinésiologie
Coach Minceur en perte de poids santé
Expert-analyste sur l’obésité, la saine alimentation et l’activité physique